Les cordes d’instruments de musique, violons, guitares et autres sont un consommable mais deviennent donc de ce fait un déchet. Elles sont cependant loin d’être un déchet ordinaire, puisque ces matériaux technologiques contiennent la plupart du temps du nickel, un métal peu courant à la surface de la terre. Les recycler permet ainsi de préserver cette ressource rare et d’éviter une pollution métallique supplémentaire, tout en finançant des actions solidaires.
Le nickel, un métal rare sous forme exploitable
Le nickel est abondant au cœur de la terre, puisqu’il constitue avec le fer l’un des matériaux du noyau de la Terre (noyau qui est de ce fait parfois appelé « nife », en accolant les symboles du nickel (Ni) et du fer (Fe)). Il est en revanche beaucoup plus rare dans l’écorce terrestre, la seule partie de la planète accessible à l’homme, et les réserves disponibles sur la planète de minerai exploitable sont estimées à seulement 60 ans de consommation au rythme actuel, un capital limité qu’il convient de préserver soigneusement pour les générations futures (les possibilités d’exploiter le nickel plus profond relèvent de la science-fiction la plus utopique !).
Le nickel est en revanche recyclable à l’infini, à l’instar de l’aluminium, et en récupérant les déchets contenant du nickel, il est possible de prolonger la disponibilité de ce métal si précieux dans de nombreux alliages et de le réutiliser comme si de rien n’était (au contraire du papier recyclé, le nickel recyclé ne se distingue en rien du nickel « neuf »). Mais à l’heure actuelle, seule la moitié du nickel incorporé dans des matériaux en fin de vie est effectivement recyclée à l’échelle mondiale ! La difficulté ne réside pas dans le traitement de recyclage proprement dit, qui est totalement maîtrisé, mais dans la collecte et la centralisation des déchets nickelés : il faut mettre en place des circuits de récupération efficaces (comme ceux qui existent pour le verre, autre matériau aisément recyclable) et amener ainsi les déchets exploitables sur un lieu de traitement adapté.
Une éco-toxicité inconnue
Le nickel est classé comme cancérigène probable, essentiellement dans le cadre d’expositions prolongées dans un cadre professionnel. Il est également susceptible de provoquer des réactions allergiques par simple contact chez des sujets sensibles (essentiellement, pour une raison inconnue, des personnes de sexe féminin).
La toxicité du nickel au regard des écosystèmes a revanche été peu étudiée. Les rares études ont démontré que les mollusques concentraient dans leurs tissus le nickel rejeté dans le milieu aquatique, mais les effets sur les autres étages de l’écosystème n’ont pas encore été étudiés sérieusement. Le principe de précaution exigerait en tout cas que l’on évite de disséminer inutilement ce métal dans la nature !
De nouvelles technologies arrivent cependant et laisse espérer que l’on puisse arriver à faire des cordes de guitare biodégradables, reyclables ou pourquoi pas issus de l’agriculture durable, parmis les nouveautés des cordes de guitare en soie comme le propose le site la carte musique.
Un système de collecte prometteur
Le plus simple afin de préserver les ressources naturelles finies de la planète et d’éviter une dissémination polluante est bel et bien de recycler le nickel. Un système de collecte est d’ores et déjà mis en place : il suffit de rapporter dans un point de collecte agréé, reconnaissable par une affichette, ou d’envoyer directement à l’association qui centralise la collecte, ses cordes usagées.
Le réflexe est simple : au lieu de jeter une corde cassée dans le vrac des ordures ménagères, ce qui lui assure de finir quelque part dans la nature, il faut la mettre de côté, ce qui est aisé vu son faible volume. Une boîte suffit, dans laquelle un musicien amateur ou non, un groupe et/ou un lieu de concert (salle associative, maison de la jeunesse et de la culture, etc.) peuvent collecter les cordes au fur et à mesure de leur usure.
Lorsque la boîte se remplit, ou lorsque l’on se trouve à proximité d’un point de collecte, on remet les cordes à recycler au collecteur, cordes qui seront ensuite centralisées pour retraitement. Et si l’on est trop loin d’un lieu de collecte, il est toujours possible de recourir à un envoi postal, la faible masse d’une corde de guitare rendant cet envoi peu onéreux (si l’on prend soin de choisir l’option économique, le transit du colis ne relevant pas de l’urgence).
Une contribution solidaire
Ce système de collecte est totalement désintéressé, au contraire de certains systèmes de récupération de vêtements usagers : l’association à l’origine du système est sans but lucratif, et les sommes issues du retraitement des cordes de guitares usagées sont destinées à des actions solidaires.
Participer au recyclage est ainsi un geste éco-citoyen au sens le plus noble du terme, puisqu’à l’évidente préservation de l’environnement s’ajoute une action en faveur des plus défavorisés : préserver la nature et aider les autres d’un seul et même geste, cela vaut quand même le coup de se donner la (petite) peine de trier et mettre de côté ses cordes usagées.